5

Le plus insupportable, c’était ce point de feu dans sa poitrine, et ce vide dans sa tête. Et la douleur aiguë dans ses oreilles. Il déglutit. Il tenta en vain de se redresser. Il comprit avec une clarté inattendue l’origine de sa souffrance. L’explosion avait arraché son masque et il mourait dans l’atmosphère insuffisante de Mars. Tout ce que ses efforts lui avaient acheté, ç’avait été un bref répit. Puis il oublia de nouveau. Il fit un effort, comprit encore et oublia encore. Il tourna un peu la tête. Il avait froid. Sur un fond d’encre, de la poussière voltigeait, irréelle. Il était seul.

— Gena, cria-t-il.

Il perçut une sorte de râle. C’était son propre cri. Il n’était pas seul. Il y avait quelqu’un à la limite de son champ de vision, sur sa droite. Quelqu’un d’immobile, un corps tordu. Le garde ou le pilote. Non, une grue était tombée sur le garde. Le garde était…

Il respira mieux. Le point de braise derrière ses côtes s’éteignit. Les poussières devinrent réelles, disparurent tandis que le fond d’encre s’éclairait. Des mains effleuraient son visage. Ces mains étaient impossibles. Il n’y a pas de mains dans un désert martien.

Les mains plaquèrent tout à fait le masque sur son visage. Quelqu’un essayait de lui téléphoner. Il ferma les yeux. La voix était lointaine comme si quelque part il y avait un mauvais contact. Il criait et appelait mais le niveau de la voix ne changeait pas. Elle était terriblement faible, juste perceptible mais demeurait incompréhensible. Il était sourd.

Oxygène. Il aspira profondément. L’encre claire devint d’un rouge intense. Tout était rouge. Il y eut un déclic quelque part, au fond du téléphone imaginaire, et la voix devint brusquement énorme, écrasante. Il régla un bouton absent au fond de son esprit, et la voix redevint normale. Il ne l’entendait que d’une oreille. La gauche.

— Georges, appelait la voix. Georges.

Il rouvrit les yeux. Il essaya d’humecter ses lèvres mais sa bouche était sèche, pleine de sable. Il découvrit avec terreur qu’il ne pouvait plus parler. Il ne respirait pas normalement. Quelque chose l’empêchait d’emplir ses poumons. La pesanteur peut-être. Il se demanda si sur Mars la gravité était supérieure ou inférieure à celle de la Terre. Il avait connu la réponse mais il l’avait oubliée. Les mains prirent sa tête, très doucement, et la soulevèrent. Il respira un peu mieux mais un avertissement résonna dans sa tête, accompagné de terreur. Il ne faut pas bouger. Ne pas bouger. Des yeux le regardaient. Il connaissait ce visage. Il chercha son nom.

— Gena, dit-il enfin. Il ne faut pas…

— Oh, Georges, dit-elle.

Il savait qui elle était mais il avait cependant du mal à la reconnaître. Il essayait de comprendre ce qu’elle disait.

— Ils sont morts, Georges, ils sont morts. Qu’allons-nous devenir ?

Il essaya encore de se redresser. Ses forces lui revenaient pour de bon, mais elle le retint.

— Ne bougez pas. Vous êtes blessé. Moi, je n’ai rien, non je n’ai rien.

Une sorte de halo électrique lui semblait entourer le visage de Gena. Il eut l’impression qu’il voyait sa peur à elle. Il remua les lèvres sans rien dire. Elle dut comprendre car elle souleva le masque et versa de l’eau dans sa bouche. Elle glissa une pipette entre ses lèvres et remit le masque en place. Il ferma les yeux et resta un long moment silencieux. Sa tête se mit à tourner puis se stabilisa. Il se sentit beaucoup mieux et passa sa langue sur ses lèvres.

— La radio, dit-il. Alertez…

Il la vit secouer la tête.

— Il n’y a plus de radio. Le pylône est détruit. Les antennes aussi. Il ne reste rien du coptère.

Curieusement, cela le fit presque rire.

— Alors, il nous faudra marcher.

— Georges, dit-elle, vous n’êtes pas bien, vous avez de la fièvre.

Il vit les aigrettes de la peur se dilater et danser autour du visage de Gena. Il se rendit compte qu’il ne sentait plus son corps. Au-dessous de son cou, il ne sentait rien. La réalité redevint vaporeuse.

— Oui, dit-il, je crois que j’ai de la fièvre.

La fièvre expliquait et simplifiait tout.

— Nous allons y rester, dit-il calmement.

— Non, dit-elle. Ils viendront nous chercher.

— Ils ne viendront pas, dit-il. Ils me haïssent trop.

C’était évident. Il n’y a que la fièvre pour vous faire découvrir de telles vérités.

— Allons, dit-elle, personne ne vous hait.

— Oh que si.

Elle lui caressa le front. Elle essuya le sang qui coulait de son oreille droite en formant de grosses bulles qui crevaient sans bruit. Puis elle remit en place l’obturateur qui tenait au masque. Il essayait d’explorer son corps, de se faire une idée de l’étendue de ses blessures. Mais il ne sentait presque plus rien. Peut-être avait-elle mis un antalgique dans l’eau qu’elle lui avait donné à boire. Cette difficulté à respirer, cela pouvait venir d’un poumon perforé, de nombreuses côtes cassées, mais il ne ressentait aucune douleur dans la poitrine. La braise s’était tout à fait éteinte. Ses poumons étaient pleins de cendre. Ses bras ne répondaient plus, ni ses jambes. Ses membres étaient peut-être brisés et curieusement anesthésiés, à moins que la colonne vertébrale… S’il avait seulement pu lever la tête et regarder la position de son corps. Mais il ne pouvait voir que les yeux et le visage de Gena. Il ressentait une terrible culpabilité.

— Si, dit-il. Ils me haïssent parce que j’ai tué votre père.

Elle rougit violemment. Il se sentit glisser. Il voulait lui dire une chose et une seule avant de sombrer. C’était à cause de lui que Jon d’Argyre était mort et il avait porté cela en lui, toutes ces années, sachant qu’elle le savait, bien qu’il n’en ait jamais été question entre eux, mais il n’était plus temps d’éluder les questions ni de rien éluder, elle pouvait se venger, le tuer, le laisser là et partir à travers le désert vers Circée, rejoindre Archim, elle y arriverait facilement puisqu’elle avait de bonnes jambes et qu’elle n’était pas blessée. Il n’y avait que deux mille cinq cents kilomètres. On peut couvrir cela en une journée, ou en dix jours, ou en un an, il ne savait plus. Mais elle pouvait l’abandonner puisqu’il avait tué son père. De cela au moins, il était certain.

— Non, dit-elle, il s’est… suicidé. Il s’était trompé et il n’a pas voulu reconnaître son erreur.

— Je l’y ai obligé, dit-il.

Il se sentait écrasé de remords peut-être parce qu’il allait mourir. Il vit Gena lever la tête, elle sortit de son champ visuel et il entendit faiblement un cri, ou un appel. Puis un bruit de pas. Une ombre passa sur lui qui n’était pas celle de Gena. Un homme.

Ainsi, ils étaient déjà arrivés. Il espéra que Gena leur dirait de le tuer. S’abandonner. S effacer. Se reposer.

Le son d’une respiration haletante. Le crissement de bottes dans le sable, tout à côté de lui.

L’homme demanda avec une cruauté inconsciente :

— Il est mort ?

— Oh non, dit Gena. Mais ne criez pas si fort. Il vous entend. Qui êtes-vous ?

— Jorm Poultry. Chef monteur, dit-il d’une voix étouffée par son masque. Excusez-moi. Je suis devenu à moitié sourd. Nous avons été attaqués hier avant l’aube par deux hommes qui nous ont assommés, ligotés et enfermés dans une réserve. Pressurisée, heureusement. Ils nous ont pris nos uniformes. Ils nous ont juste laissé nos masques. Ça ne leur a pas porté chance. Ils sont tout à fait morts à l’heure qu’il est. Je les ai vus en venant. Pas beaux à voir.

Gena soupira.

— Et comment vous êtes-vous libérés ? dit-elle.

— Nous avons réussi à nous débarrasser de nos liens. Mais nous étions sous clé. L’explosion nous à libérés. Enfin, moi. Mon copain est mort. Je crois que j’ai eu de la chance.

Il frissonna, se détourna puis cracha sur le sol, à quelques pas de la tête de Beyle.

— Et maintenant, madame, qu’est-ce que nous allons devenir ? Qui êtes-vous ? Et lui, qui est-ce ? J’ai déjà vu sa tête.

— C’est Georges Beyle, dit-elle à voix très basse. Et je suis Gena Noroit. Il est blessé. Je ne sais pas ce que nous allons faire.

— Attendre, dit l’homme. Je ne pense pas qu’il reste une radio en état de marche. Nous avons de l’air. Pas beaucoup mais assez. Ils arriveront d’une heure à l’autre. Au plus tard demain matin quand ils s’apercevront que nous ne répondons plus.

— Sans doute, dit-elle. Mais le temps presse pour lui.

— Bien sûr, dit-il, apparemment sans émotion.

— Ça n’a pas d’importance, dit faiblement Beyle, aucune importance.

— Qu’est-ce qui n’a pas d’importance ? demanda Poultry.

— Il délire.

— Ah, dit Poultry.

Il s’éloigna de quelques pas, hésitant. Il évitait de regarder dans la direction des restes du pilote.

— Dans le hangar, là-bas, il y a un coptère léger dont nous nous servions pour faire des relevés. L’explosion ne l’a peut-être pas détruit. Le hangar est encore debout. Il y a une radio à bord. Je l’avais oubliée. Elle marche peut-être.

— Allez voir, dit-elle. Vite.

Il obéit sans un mot. Beyle entendit ses pas crisser dans la poussière. Ils résonnaient dans sa tête.

— Écoutez-moi, dit Beyle.

— Je vous écoute, dit Gena agenouillée près de lui.

— Je ne voulais pas le dire devant lui mais vous devez m’abandonner… Deux places sur ces…

— Jamais, dit Gena. Taisez-vous. Vous n’auriez pas dû évoquer le passé. Vous n’êtes pas responsable de la mort de mon père. Et vous vivrez.

Il sentit une sourde irritation l’envahir. La fièvre ? Pourquoi le contredisait-elle ? Pourquoi refusait-elle de croire que Jon d’Argÿre était mort, victime de l’ambition de Georges Beyle ?

Brusquement, la vérité lui apparut : c’était elle qui délirait. Elle était étendue dans la poussière et il était agenouillé auprès d’elle. Puis il se vit, d’en haut, comme s’il flottait dans l’air. Pourquoi était-il couché sur le sol et incapable de bouger un doigt ? Pourquoi les choses étaient-elles si terriblement compliquées ?

Elle refusait de croire que Georges Beyle était responsable de la mort de Jon d’Argyre. Mais qui était Georges Beyle ? Et s’il était mort, cela n’avait plus d’importance. Feuilles vertes, pensa-t-il. Feuilles mortes.

— Ne bougez surtout pas, dit-elle. Cet homme est parti chercher un appareil et il va vous ramener à Circée et on vous guérira en quelques jours.

— Oui, dit-il pour la rassurer.

Quelque chose se bloquait dans sa poitrine et l’empêchait de respirer. Il devina son anxiété. Il se força à respirer.

— Je vous aime, dit-il.

Elle était penchée sur lui à le toucher mais sans peser aucunement.

— Je le sais, dit-elle.

— J’ai été seul, reprit-il.

— Je sais, dit-elle encore.

— Je n’aurais pas été aussi seul si j’avais été avec vous.

Il gonfla ses poumons. Les choses étaient plus claires à présent.

— J’ai été ce que j’ai été parce que j’étais seul.

Une foule d’autres choses à dire. Ni le lieu ni l’heure. Jamais je n’ai été jaloux d’Archim, pensa-t-il. Pourrait-elle le comprendre ? Combien de mots puis-je encore prononcer avec l’air, la salive qui me restent ?

— Oxygène, dit-il. Je vous en prie. Personne, jamais personne.

Il sentit qu’elle réglait le débit des bouteilles. Il lui sembla qu’on avait allumé une lampe. Elle l’embrassa légèrement sur le front.

— Vous n’êtes pas seul, dit-elle.

L’homme était de retour.

— L’appareil est intact, madame.

Gena respira plus librement.

— Avez-vous appelé Circée ?

— La radio a été démontée, dit-il. Elle est introuvable. Ce n’est qu’un appareil très léger destiné à des vols locaux. Nous nous servions de téléphones de poche pour les liaisons à courte distance. Ils les ont tous détruits.

— Alors, partez avec lui, dit-elle. Emmenez-le à Circée le plus vite possible.

— Je ne sais pas piloter, madame, dit Poultry. Le pilote, c’était mon camarade. Moi, je n’ai jamais touché à un de ces appareils. Je viens de la Terre.

Gena baissa la tête.

— Et vous, madame, vous ne savez pas non plus ?

Elle regardait Beyle. Elle se souvenait de l’accident, de la faute qu’elle avait commise en se laissant happer par un vent violent, des pales qui s’étaient repliées avec un bruit sec et définitif, et de la chute sifflante et si longue, du choc final et du corps qu’on emportait et qui avait été assis à côté d’elle, et d’elle qui criait, ayant survécu par miracle avec plus de cent fractures : « C’est de ma faute, de ma faute. » Mais ce n’était pas entièrement vrai, du moins les psychiatres le lui avaient dit et répété sans parvenir à la convaincre.

— C’était ma mère, dit-elle d’une voix inaudible à Georges Beyle.

Il ferma les yeux. Elle vit que le technicien était resté là, silencieux, les bras ballants, attendant une réponse.

— Oui, dit-elle, j’ai su piloter autrefois. Il y a dix ans que je n’ai pas piloté.

Ses mains se mirent à trembler, non pas d’un tremblement léger de feuilles de la Terre agitées par une brise, mais d’un mouvement saccadé, violent, irrépressible.

J’ai tué, autrefois, pensa-t-elle, parce que je pilotais, et si je refuse maintenant, je vais tuer encore.

— On n’est jamais coupable, dit-elle à voix très basse à l’adresse de Beyle.

Mais, les yeux fermés, il ne semblait plus l’entendre. Seul le petit bruit du clapet, sur le masque, indiquait qu’il vivait encore.

Le technicien attendait toujours.

— Veuillez sortir l’appareil du hangar, monsieur Poultry, dit-elle.

Elle plaqua ses mains sur ses cuisses pour les empêcher de trembler. Elle se remémorait ce que lui avaient dit les psychologues et plus tard Archim : « Un échec ne se reproduit pas. Ce n’est que dans l’esprit que réside la fatalité de l’échec. Les événements ne sont jamais deux fois les mêmes. »

Elle se souvenait des gestes. Elle aurait pu piloter les yeux fermés. Mais depuis des années, près de dix ans, elle n’avait pas touché les commandes d’un appareil volant. Le souvenir, pourtant, habitait en elle, intact.

Mais si un vent violent survenait, de nouveau…

Elle entendait les voix, calmes et précises, hypnotiques. « Il n’y a pas de fatalité. Il n’y a qu’une peur profonde, animale, contre laquelle ni l’intelligence ni la volonté ne peuvent rien. Il n’y a que l’action pour lui échapper, pour y remédier. »

Il était si facile de piloter.

Elle regarda Beyle de nouveau et posa rapidement ses lèvres sur le front du blessé. Que je le tue ainsi ou que je le laisse mourir ici, se dit-elle, quelle différence ? Je n’ai pas peur pour moi, mais Archim…

Elle se mit à pleurer et en même temps elle se releva et elle vit que l’homme avait tiré l’appareil sur une bande de terrain que les explosions avaient laissée intacte. Un grand cratère dont elle ne voyait pas le fond occupait la place d’un des dômes juste à côté de l’esplanade centrale. Ses mains ne tremblaient plus. Elle réassujettit son masque sur son nez. Le technicien était allé chercher un brancard à dépression sur lequel ils firent glisser Beyle avec d’infinies précautions. Il y serait pris comme dans du béton. Elle espéra qu’ils n’avaient pas aggravé les lésions internes dont il paraissait souffrir. Il respirait difficilement. Elle augmenta encore le débit d’oxygène.

Ils fixèrent le brancard derrière les sièges. Durant tout le vol, elle serait incapable de s’occuper de lui. Elle espéra qu’il tiendrait bon.

Elle lança les moteurs. D’une voix blanche, elle dit au technicien qu’elle enverrait des appareils à son secours dès son arrivée à Circée. Il n’eut l’air qu’à demi convaincu. Il ne croyait pas qu’on pût franchir une telle distance avec un appareil aussi léger. Mais il ne dit rien, devant la détermination de Gena. Elle savait que c’était possible. Elle savait qu’elle y arriverait.

L’appareil n’était même pas doté d’une bulle. Elle ferma les yeux, écoutant le bruit soyeux des pales, son de respiration ininterrompue. L’atmosphère de Mars avait changé. Cela pouvait aussi s’entendre.

Elle rouvrit les yeux et décolla doucement. Elle prit de l’altitude et le long hurlement silencieux qui n’avait cessé de se déchaîner en elle cessa brusquement.

Cinq heures plus tard, après un voyage sans histoire, ils atteignirent Circée.

Le rêve des forêts
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